Philippe De Jonckheere

Une fuite en Egypte

Le récit

Une femme meurt dans un accident de voiture. Elle laisse derrière elle deux enfants en bas âge et un compagnon entièrement dépassé qui a bien du mal à faire face.

C’est la voix de ce dernier que l’on va entendre tout au long du roman, et qui va dire les différentes étapes de son deuil, les moments d’égarement, de désespoir, mais aussi la lucidité et la tenace volonté de vivre qui l’habitent.

Le narrateur traverse une dépression. Il renoue avec une femme qu’il a toujours secrètement aimée et admirée, mais face à qui il se trouve maintenant désarmé, pris au dépourvu et sujet à la culpabilité. Il rencontre un détestable témoin de l’accident de sa femme. Il affronte le regard des autres, la générosité qu’on lui témoigne, mais aussi parfois la sollicitude voyeuriste de certains collègues. Il doit trouver le mot et l’attitude justes à l’égard de ses enfants, il y réussit souvent, il y manque parfois. Ce roman nous rappelle qu’il n’y a pas de mode d’emploi du deuil ; c’est l’expérience la plus universelle et en même temps celle qui nous laisse le plus solitaires. Et pourtant la vie est là, et cet homme réapprend à vivre, à composer avec l’absence, à désirer.

Comment peut-on accepter, dans la réalité des gestes du quotidien, la disparition brutale d’un être aimé ? Comment revit-on, en imagination et par le biais des autres, le regard de l’entourage, les questions des enfants, la relation qui nous a lié avec une personne que l’on a si bien connue ? Comment se reconstruire en dépit de la culpabilité d’être celui qui demeure ? Ce sont toutes ces questions qui traversent ce très beau premier roman.

Sur l’écriture :

La singularité qui marque immédiatement le lecteur qui ouvre Une Fuite en Egypte, c’est l’utilisation du point-virgule comme unique signe de ponctuation.

Visuellement, lorsqu’on attaque la première page, cela peut sembler désarçonnant, mais dès que l’on entre dans le texte on sent que cette façon d’écrire lui confère une grande fluidité et un rythme particulier ; une voix, avec ses élans, ses hésitations, ses souvenirs, ses interrogations, qui traduit la façon dont une subjectivité se saisit de son histoire.

Très vite, loin d’être une affèterie ou une simple trouvaille formelle, cette écriture s’affirme comme une nécessité, si bien que l’on se dit, une fois la lecture achevée : « ce livre n’aurait pas pu être écrit autrement ». Ce qui frappe, c’est qu’on n’a jamais lu l’expérience du deuil racontée de cette façon. C’est cette voix qui porte toute la beauté mais aussi l’étonnante justesse du texte, et toute son émotion ; elle qui le rend pleinement vivant.

Auteur

Philippe De Jonckheere

1951, Robert Frank prend une petite fille en photo dans les rues de Paris. Cette petite fille sera ma mère. Né le jour de la 1964ème commémoration (…)
  • ISBN : 9791095086406
  • Parution le 01/03/2017
  • 208 pages
  • 17.90

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