Peu après la première guerre mondiale, pour fuir l’atmosphère compassée d’une adolescence bourgeoise, Carmen s’engage comme marin sur un bateau de pêche en Mer du Nord. Afin d’exercer ce métier réservé aux hommes, elle doit se vêtir comme eux, adopter leurs gestes, dissimuler son identité. Elle ne sait pas encore que ce départ est le premier d’une longue série. Bientôt, c’est la danse qui lui révélera
une autre dimension du monde. Et qui fera entrer dans son existence son double lumineux, compagne et indéfectible amie, Hélène.
Des mers froides jusqu’à l’île de Java, de son engagement dans la Résistance jusqu’à ses derniers jours de femme âgée, les épisodes de la vie de Carmen sont autant de jalons sur les chemins de la liberté. Où, toujours, les expériences du corps vont de pair avec un moment d’initiation politique.
Hymne à l’amitié, récit d’une émancipation féminine au cours du XXe siècle, S’en aller montre subtilement comment les luttes des femmes d’aujourd’hui font écho à celles de leurs aînées à travers l’Histoire. Carmen est l’une d’entre elles.
PRIX MILLEPAGES 2021
« C’est l’histoire d’un destin hors du commun, celui de Carmen qui pourrait être la figure sublime de l’émancipation. A l’image de Modesta, l’héroïne de L’art de la joie, elle ne se résigne pas à être là où l’on attend. En explorant des territoires inconnus, elle se réapproprie son corps et ses désirs pour occuper le monde avec force, grâce et dénuement. D’une écriture qui se veut au plus près des corps vibrants de liberté, Sophie D’Aubreby se distingue avec ce premier roman en tous points éblouissant. »
PRIX du premier roman 2022 de la ville de Limoges
Dans ce roman, tout ce qui compte se trouve à côté, dans les blancs, dans les non-dits. Comme le dit l’autrice, ce sont « les désobéissances minuscules qui permettent à de grands virages d’être pris ». Et Carmen multiplie les désobéissances minuscules, pour défier un destin de femme qu’on lui avait voulu tout tracé.
Durant ma lecture j’ai été comme à l’extérieur du texte tout du long, et ça m’a perturbée. Mais j’ai compris, en écoutant l’autrice, ce qui m’avait bousculée : Carmen n’est pas une héroïne flamboyante comme on peut en croiser dans les romans d’émancipation féminine. Elle est « réelle et pas intimidante ». C’est sûrement là que réside toute la beauté de ce roman, juste à côté de la puissance de la plume et de la justesse des impressions.
Un premier roman avec une plume sublime, un de mes coup de cœur absolu de la rentrée. Le personnage de Carmen et ses réflexions sont si justes, elle redonne du courage et de la force aux femmes pour leur combat à mener !
Quel premier roman fascinant. Dès les premières lignes, la voix nous saisit, nous intrigue. Quelle est cette femme, travestie en homme, sur un bateau, marin parmi les marins? Pourquoi est-elle là? Que fuit-elle, qui fuit-elle? On va le découvrir à mots couverts tout au long des pages de ce roman, cette existence magnifique, incroyable, à contre-courant. Quelle force il lui a fallu pour tracer son propre chemin, selon ses envies ! Là où l’on aurait pu tomber sur des tartines de guimauve, de romanesque, l’autrice a l’intelligence de nous faire découvrir cette histoire par petites touches, voire en creux parfois, avec pudeur, une retenue qui étreint et émeut. Un destin de femme flamboyante et discrète. Une réussite!
Un récit en forme de résistance, d’émancipation, comme un opéra intime traversé le cœur vibrant des choix que l’on fait, à contre-courant des codes et des conventions de classes et des chemins tracés d’avance.
Du pont d’un bateau de pêche travestit en homme, sur les tapis dansant de Java, à l’engagement dans la résistance, Carmen traverse le 20è siècle et sa vie en tanguant, d’amours et de combats, avec l’élan d’un corps qui se bouscule, s’échappe, se libère et se révolte.Un premier roman en forme d’échappée, aussi sensible que puissant, aussi juste que fragile, sur les rivages d’une vie menée tambours battants sur des chemins de traverses, jusqu’au derniers instants.
Pour s’en aller, c’est notre corps entier qu’il faut solliciter et Sophie d’Aubreby l’a bien compris tant son écriture est charnelle.
A travers l’histoire de Carmen, elle raconte les corps qui partent, qui fuient, qui se travestissent, qui aiment, qui dansent. Des corps qui s’interrogent, qui s’émancipent, qui s’engagent et résistent.
Si bien qu’on se demande si l’autrice elle-même n’a pas fini par faire corps toute entière avec son roman, et c’est beau !
Le premier roman de Sophie d’Aubreby, S’en aller, est porté par une belle écriture, dense et juste, s’attachant avant tout à représenter les corps. Son héroïne, Carmen, affirme sa liberté par quatre départs. Refusant les voies secondaires qu’on réserve aux femmes, elle crée son propre destin. Sur fond des convulsions du XXe siècle.
Vous en avez déjà lu, vous, des récits qui traitent de l’émancipation féminine, de la société de consommation, du colonialisme, de l’excision, de la guerre ou encore du non-désir de maternité tout en vous emmenant au bout du monde, ailleurs, ici, là-bas au travers d’un siècle – sans être foutraques ? S’en aller, premier roman de Sophie d’Aubreby, est de ceux-là. Dans une écriture poétique qui touche au sublime, l’autrice dresse une fresque sur les traces de Carmen, jeune fille de bonne famille qui décide de de prendre le sens inverse à celui prescrit habituellement aux filles.