« Dans le blanc halluciné hors luminescence, torse nu, l’Archonte se penche encore une fois sur la table-à- souffles. Les vertèbres grincent sous l’occiput. Épaule droite contre le cadre, à poil sur le seuil à la porte défoncée, Elle se peaufine le crâne déjà rasé avec la tondeuse. Dans son visage, sous la tache bleue striée de veinules pourpres qui cerne l’œil gauche, les mâchoires mastiquent un chewing-gum super-acidulé à la fraise. »
Dans une pièce fermée, scellée peut-être, un groupe de femmes, sous la coupe de celui qu’on appelle l’Archonte, se droguent et offrent des plaisirs sexuels à cet homme qui semble les posséder. Jamais on ne saura si elles sont là contre leur gré, ni quelle est la véritable autorité qu’exerce l’Archonte sur elles.
Ailleurs, sans doute, entre les murs de ce qui pourrait être un hôpital psychiatrique, divers personnages parlent, se mêlent, se déchirent dans un tourbillon hystérique, étouffant. Leurs histoires se mélangent, leurs folies s’entre-électrisent.
Ces deux huis clos suffocants forment un texte à l’écriture dense, cruelle, sombre, qui sonde les corps humains comme autant de lieux de pouvoir, de soumission, de déchéance.
Sarcophage est un premier roman d’une immense virtuosité, jeté dans une langue précise et d’une puissance rare, d’une poésie noire et ultra-violente qui n’est pas sans rappeler des auteurs tels que Lautréamont ou Antonin Artaud.
Rafael Garido livre ici un premier texte qui a tout du tour de force et qui mène le lecteur au-delà même de l’asphyxie.