Nous sommes entrés dans le troisième âge des ruines. Après les ruines anciennes et les ruines modernes, nos territoires se couvrent à présent de ruines instantanées, de ruines si immédiates et si totales qu’elles ne sont plus à proprement parler des ruines, mais des tas de décombres. L’obsolescence programmée des nouveaux édifices, conçus non pour durer mais pour se dégrader rapidement, inaugurerait-elle une civilisation des gravats ?
Dans cet essai aussi passionnant que fouillé, Bruce Bégout nous propose une radiographie de cette nouvelle production architecturale. À travers l’analyse des oeuvres de Tocqueville, Riegl, Smithson, Koolhaas, Arendt, et quelques autres, il interroge le nouveau visage du monde : un monde sans ruines.
Qu’advient-il quand nous bâtissons des édifices qui vieillissent plus vite qu’un être humain ? C’est le point de départ de ce livre formidable qui va analyser avec finesse et intelligence cette mutation anthropologique qui dépasse largement, d’ailleurs, le champ de l’architecture et de l’urbanisme. En faisant disparaître les ruines, et parfois pour des raisons vertueuses, nous nous engageons vers un « tout jetable » qui recompose profondément notre façon de vivre en ville. Venez découvrir cet essai spectaculaire, qui nous interroge sur la manière d’aborder notre futur urbain. Une lecture plus qu’indispensable, nécessaire !
Motels dépeuplés, entrepôts désaffectés, centres commerciaux délabrés, stations-service abandonnées, zones pavillonnaires désertées : tous ces bâtiments sans qualité, ces ruines contemporaines, non nobles mais « ignobles », constituent le décor des explorations urbaines qu’aime à pratiquer Bruce Bégout, l’un des penseurs et écrivains les plus originaux de notre époque.
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Qu’advient-il quand s’opère cette vertigineuse inversion entre la fragilité de la vie et « la solidité du monde », compris avec Hannah Arendt comme ce que l’homme construit ?
Avec l’élégance rieuse de la vraie érudition, Bruce Bégout s’empare des ruines, de nos conceptions historiques, de nos façons d’en faire un miroir esthétique, afin de proposer un rapport au lieu. « Obsolescence des ruines » ou une très fine méditation sur notre rapport à la destruction.