Quelques blocs de béton qui stagnent au large, comme couchés sur la mer, quelques blockhaus et un petit musée. Aujourd’hui, ce sont les seuls vestiges que le village d’Arromanches conserve du débarquement de Normandie. Le 6 juin 1944, en une nuit, c’est pourtant sur cette plage que les alliés construisirent le port artificiel permettant d’engager la grande bataille qui mit fin à la deuxième guerre mondiale.
En arrivant dans ce haut lieu de l’Histoire que l’Histoire a déserté, le narrateur compte mettre à profit l’isolement et le silence pour écrire. Mais son désœuvrement le rend perméable à tout ce qui s’y passe. Il laisse flâner son regard, se promène sur la plage et sur les falaises, observe le village et ses habitants. Par indices successifs, il recompose la discrète dramaturgie qui se joue au milieu de ce paysage obsédant, dont l’atmosphère semble agir directement sur les êtres.
Ce roman, bercé par le rythme des marées, habité par une tension sourde, distille le sentiment que le plus inattendu peut surgir à n’importe quel instant. Mathieu Larnaudie nous plonge dans une étrange ambiance gothique contemporaine et nous emmène vers les endroits troubles et secrets où se tient l’énigme du désir.
Notre catalogue numérique est riche de plus de trente titres et notamment nos derniers livres parus :
Un roman dans les brumes et la bruine normandes. Où l’ivresse sauve et détruit. Sur les lieux du Débarquement, maintenant désertés. Dans l’indécis et l’incertain. D’une écriture alliant superbement précision et poésie.
… plus j’avançais avec bonheur dans la lecture de ce roman, plus je pensais à Marguerite Duras (1914-1996). Étrange, parce que le style précis à l’extrême, les phrases qui s’enroulent souvent autour d’adjectifs nombreux et attentifs au détail n’ont a priori rien de durassien (…) Mais comme l’auteure de L’Homme atlantique (Minuit, 1982), Mathieu Larnaudie sait capturer l’atmosphère des lieux déserts et désolés où l’ordinaire devient mystère et où l’œil hypnotisé contemple sur les vagues « ces grands sarcophages (…), ces formes sans passé, sans pourquoi, énigmatiques et brutes ».