Un ancien enseignant parisien expatrié dans le désert californien attend l’arrivée sans cesse différée de sa compagne dans un bâtiment encore vide que ces deux citadins, formés aux arts de l’image, veulent transformer en école de photographie – ce lieu leur servira aussi d’habitation. Mais un imprévu dans le projet du couple oblige le narrateur à dissimuler sa présence aux yeux des autorités. Bientôt, la situation se délite, et c’est toute son existence sur internet qu’il doit faire disparaitre. Après avoir commencé à abattre des cloisons et senti des odeurs étranges dans les lieux où il se cache, il finit par s’aventurer au-dehors, alors même qu’une vague de chaleur et l’apparition d’un nouveau virus rendent les déplacements complexes.
Pour survivre dans ce nouveau désert – un désert également intérieur – et tenter d’apprivoiser un territoire qui de paradisiaque lui est devenu hostile, le narrateur n’a plus qu’une solution : hanter et inventer des vies hors du commun. La réalité va se dissoudre progressivement et l’errance devenir quête.
Roman de l’effacement, Après moi le désert parvient à être à la fois drôle et poignant, réaliste et mystérieux, offrant un portrait troublant d’une certaine Amérique anonyme et celui, encore plus troublant, d’un homme cherchant à disparaître…
Roman de l’effacement, selon la quatrième de couverture, Après moi le désert tient en réalité de l’installation, au sens artistique du terme : une installation visant à provoquer ou à partager une expérience de l’effarement. Le lecteur s’y retrouve remarquablement désemparé à son tour, à mesure que la réalité se fait aussi flottante qu’une coquille de noix emportée par la marée d’équinoxe. […] En retrouvant ses esprits, le lecteur ne peut que l’admettre, cependant : il a fait une vraie expérience de lecture, de celles qui font bouger les lignes de la réalité.
Jonglant avec les genres – policier, fantastique, étude de mœurs, roman initiatique, pré ou post-apocalyptique… – l’auteur défonce les portes de la perception basculant dans une dimension ou angoisse ou paranoïa s’estompent peu à peu pour laisser place à une intranquilité d’une richesse sensorielle et émotionnelle remarquable. Olivier Bodart construit ici une superstructure de tuyauteries narratives (façon Beaubourg ou Fernand Léger) qui, si elles ont parfois du mal à se raccorder car trop explicatives, récurrentes ou sibyllines, témoignent d’une grande inventivité.
Après moi le désert a un ascendant psychogéographique, Olivier Bodart, qui a vécu dans le désert de Sonora, parle d’expérience. […] On erre avec lui sans déplaisir, d’autant que sa présence soulève de multiples histoires dans l’histoire. La région regorge de mirages incroyables et authentiquement réels, ville fantôme, campement alternatif et même « centre du monde ».
Olivier Bodart se met en scène dans son deuxième livre, à la première personne, sans fioriture, au style fluide, intriguant, palpitant, inquiétant même, qui évoque par moments Rosemary’s baby et l’univers étrange de David Lynch. Un roman sur la solitude, l’identité, la déconnexion et les tourments su grand esprit.
L’originalité d’Après moi le désert tient d’abord à la précision de l’insertion du récit dans la géographie de ces arrière-espaces. Villes imaginaires vendues par des escrocs, lacs pollués désertés par les vacanciers, bases militaires squattées par des marginaux, improbable « centre du monde » en quête d’habitants, la Californie invisible passe au premier plan. […] Le tour de force d’Olivier Bodart est de donner, sur cette ossature rigoureuse, une histoire très incarnée, reposant sur un personnage fort et fragile, dont l’aventure captive et inquiète. Une méditation sur le roman qui ne sacrifie pas le romanesque.
Auteur et plasticien, Olivier Bodart, qui se met en scène dans son deuxième livre, signe un récit à la première personne, intrigant, palpitant, inquiétant même. Un roman sur la solitude, l’identité, la déconnexion et les tourments du grand… esprit.
L’intérêt du roman d’Olivier Bodard est moins dans l’intrigue que dans l’atmosphère et les décors, qui en font une expérience sensorielle. […] Après moi le désert s’avère être un roman captivant, qui donne à sentir la désorientation du narrateur, sans égarer le lecteur. […] C’est, en somme, une quête intérieure sur fond d’Amérique méconnue.
Un road trip contemplatif dans le désert de Sonora, en Californie, entre autofiction et hallucinations.